par Sylvie Pirson, docteur en médecine vétérinaire.
En tant que terrariophile vous avez très certainement déjà entendu parler du Nidovirus. Ce
virus, très contagieux, est connu dans le milieu pour la mortalité importante par détresse
respiratoire et touche principalement les boidés et pythonidés. Cet article, synthétise les
grandes choses à savoir concernant cette maladie émergente en herpétologie.
NIDOVIRUS
- Virus à ARN
- Ordre : Nidovirales
- Famille : Tobaniviridae
- Sous-famille : Serpentovirinae
Les pythonidés sont sensibles à l’infection par le virus avec une sensibilité plus particulière encore pour le Python regius. Certains boidés tels que le Boa canin (Corallus caninus) peuvent également être touchés. Récemment, il a été montré que les serpents ne sont pas les seuls individus à pouvoir développer la maladie, certains lézards (Tiliqua rugosa et Chamaeleo calyptratus) et tortues pouvant également être atteints.
SYMPTÔMES
- Stomatite
- Hypersalivation
- Dyspnée
- Bruits Respiratoires
- Hyper-extension de la tête et du cou (animal en cherche d’air)
- …
Les symptômes débutent généralement dans les 4 semaines suivant la contamination par le virus, la mort survenant souvent dans les 3 mois. L’animal développe une trachéite évoluant vers une pneumonie. Notez que des porteurs asymptomatiques – c’est-à-dire sans aucun symptôme – ont été observés rendant l’éradication de la maladie dans une collection
compliquée.
TRANSMISSION
Le mode de transmission du virus n’est pas confirmé à 100% mais il semblerait que le contact avec des sécrétions infectées telles que la salive ou les matières fécales soient à l’origine de la contamination. L’air pourrait également être une voie de transmission virale.
DIAGNOSTIC
Le diagnostic de nidovirose nécessite la réalisation d’un test de laboratoire appelé PCR (Polymerase Chain Reaction). Le but de celui-ci est de mettre en évidence le matériel génétique du virus. Aussi, si le test est positif, on est sûrs de l’infection de l’animal testé. Dans le cas contraire, rien ne peut être affirmé hormis que lors du test réalisé, l’infection par le virus n’a pas pu être confirmée. La prudence reste donc de mise lors de l’interprétation de ces tests.
Afin de poser un diagnostic, un prélèvement buccal et cloacal est réalisé et envoyé au laboratoire. En cas de mortalité, il est conseillé de réfrigérer (maximum 48h) ou de congeler l’animal décédé afin de permettre au vétérinaire de réaliser une autopsie. Des prélèvements de différents organes (poumons, foie, œsophage…) afin de réaliser les tests PCR permettront de poser un diagnostic définitif.
TRAITEMENT
Il n’existe aucun traitement actuel contre l’infection par le Nidovirus. Si vous détenez un grand nombre d’individus, l’euthanasie des animaux atteints et/ou en contact avec les animaux infectés est conseillé afin d’éviter toute transmission au reste de la collection est conseillée. Si vous ne détenez qu’un individu, un traitement symptomatique à base d’antibiotiques et de nébulisations peut être initié afin de gérer les infections bactériennes secondaires mais sans garantie de résultats.
Lexique
Dyspnée : difficultés respiratoires.
Stomatite : inflammation de la cavité buccale pouvant notamment se manifester par des saignements gingivaux.
PCR : Polymerase Chain Reaction ou réaction de polymérisation en chaîne, est une technique d’amplification enzymatique permettant d’obtenir un grand nombre de copies identiques d’un fragment d’ADN.
Bibliographie
Blahak S, Jenckel M, Hoper D, et al. 2020. Investigations into the presence of nidoviruses in
pythons. Virol J, 17(1):6.
Hoon-Hanks LL, Layton ML, Ossiboff RJ, Parker JSL, Dubovi EJ, Stenglein MD. 2018.
Respiratory disease in ball pythons (Python regius) experimentally infected with ball python
nidovirus. Virol, 517:77-87.
Schilliger L. 2021. La nidovirose des boidés et des pythonidés. PASE, 47 : 17-18.